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A l’ère pariétale, le Beau, le Bien, le Bon, l’Utile sont confondus. Le bestiaire dessiné à l’estompe ou gravé sur les parois des grottes (grotte de Chauvet 36 000 puis seconde occupation 31 000 – 30 000 ans av. notre ère) suggèrent l’abondance de vie et de danger. La nécessité oblige à coordonner le groupe pour réussir la saison de chasse. Représenter l’animal proie ou prédateur pour le démystifier participe à la préparation mentale des chasseurs. L’Artiste s’efface devant l’objet représenté sans décor, pour focaliser l’attention du groupe là où se porte la lumière. Le réalisme associé à la stylisation des représentations animales en optimisant les moyens techniques et supports disponibles, témoigne de talents Artistiques inégalés jusqu’à la Grèce antique. La prouesse de la représentation est à la hauteur de l’enjeu. Le groupe a un besoin vital de s’organiser pour vivre, et le Beau est utile pour participer activement à cette préparation. Nous proposons un usage initiatique de la grotte, éducatif pour le partage de la connaissance des animaux et des dangers de la chasse. Le silence, l’isolement du monde extérieur force l’attention pour faciliter la transmission d’un savoir complexe quand les mots sont rares. L’Art subjugue par la Beauté et participe activement à la Culture en marche.

En fin de période glacière, en du Pléistocène et début de l’Holocène, les flux migratoires de grands gibiers dont l’humanité tire ses ressources migrent plus au Nord ou disparaissent. L’invention de l’arc et des flèches permet de chasser à distance les animaux. La force physique ne légitime plus un chef ni la contrainte de la loi du groupe, qui se scinde en unités plus petites donnant naissance à la famille. L’humanité se multiplie et se diversifie. Le Beau décore les objets usuels enrichis d’une symbolique cosmogonique. Le Beau honore la fécondité. Les clans s’affrontent ou se regroupent périodiquement pour régler les conflits. Pour marquer un accord, sceller la paix, on élève des pierres sommairement taillées que l’on abat en temps de guerre. La fréquence des réunions et l’importance des groupes concernés produisent des élévations de plus en plus monumentales. Ce qui est Beau est puissant. Le nombre fait la force. La cohésion mentale d’un groupe fédère son énergie pour réaliser des objectifs ambitieux.

En zone tempérée se développent de nouveaux îlots de prospérités vivants, du fait de l’alternance des saisons moins de chasse et de cueillette, que d’élevage et d’agriculture. Le processus apparaît vers 9 000 av. J-C au proche orient, vers 6 500 av. J-C en Grèce et Italie, 6 500 dans le Midi puis vers 4 500 av J-C en Bretagne. C’est l’ère de la pierre polie, de la poterie, du stockage alimentaire. La quantité d’objets précieux transportés augmente. Utiliser le talent de chacun, spécialiser les tâches, troquer biens et services, semblent utile. L’agriculture en lieu de la cueillette, l’élevage en lieu de la chasse apportent à l’humanité une relative sécurité, et requièrent le besoin d’une organisation collective sédentaire et permanente.

La civilisation de l’Indus a débuté vers 5 000 pour atteindre son apogée entre 3 500 et 1 500 avant J-C avant d’être détruite par les invasions d’Ariens venant de Bactriane (Afghanistan et d’Iran). Cette civilisation offre le premier exemple d’urbanisme bien avant l’Egypte et la Mésopotamie. La civilisation Harappéenne matriarcale, pacifiste, sans roi, ni armée, a construit à Mohenjo-Daro une société égalitaire, semblant pratiquer le yoga, qui connaissait la rotondité de la terre, la distance Terre Lune et Terre Soleil, qui maîtrisait l’hydraulique pour sur un plan urbanistique quadrillé et commerçait sur un vaste territoire à l’Est jusqu’à Delhi et à l’Ouest Sumer en Mésopotamie. La statuaire est domestique ; déesse mère, ancêtres, sans représentation monumentale.

Ur plus puissance citée Sumérienne dés 3 000 av. J-C devient capitale d’empire vers 2 300 av. J-C. Logée sur les rives d’une branche de l’Euphrate, Ur s’impose sur les citées voisines pour céder la place à Babylone avant d’être abandonnée vers 300 av. J-C, conséquence de l’assèchement progressif de la branche fluviale qui la desservait. La civilisation Maya atteste d’une population sédentarisée entre 7 000 et 3000 av. J-C, avec l’implantation de villages côtiers en mer des Caraïbes et océan Pacifique. Les premiers indices de stratification sociale remontent à 2 000 J.-C, se multiplient entre 1000 et 400 avant J.-C, avant l'émergence progressive d'États.

Le processus de sédentarisation commence sur un mode d’organisation égalitaire. L’émergence d’un pouvoir central vient par la suite, en conséquence du besoin de défense contre la menace de groupes nomades ou d’une prise de contrôle hostile. Le prélèvement ponctionné par le pouvoir dominant va de pair avec l’étatisation de la prédiction indispensable à l’organisation planification des tâches du groupe. L’autorité centrale prévoit les phénomènes naturels, ou prétend les provoquer. Pour assurer sa pérennité, le pouvoir légitime son autorité par des ancêtres mythifiés, le gardiennage de Lois révélées orales puis écrites. L’individu troque de gré ou de force une part de sa liberté contre obéissance aux lois et promesse de sécurité. Le libre arbitre rétrécit au profit de la Loi qui se décline en tout. Tout devient dualité, permis-interdit, bien-mal, homme-femme... L’Art glorifie le pouvoir politico-religieux.

Graver ou peindre des figures à l’abri des temples comme les lointains ancêtres l’ont fait dans les grottes hors des affres du temps, c’est laisser pour la postérité un message plus durable que le verbe. Les élévations de pierres se transforment en palais, forêt de troncs qui monte vers les cieux comme les arbres d’une forêt ou les palmiers d’une oasis. Le premier Roi Gilgamesh va couper sur le Mont blanc de neige du Liban les troncs de cèdre de son palais. La puissance consiste à durer, les troncs deviennent des colonnes de pierre, et les frises les lointains vestiges des feuillages. La thèse spiritualiste considère que l’univers est composé de substances matérielle et spirituelle. Après la mort, pour que l’âme poursuive son chemin, l’enveloppe corporelle est détruite ou préservée selon des rites.

Tag(s) : #Evolution du Beau
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