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Les philosophes du Moyen Age sont hommes d’église. Ils se méfient des plaisirs de la chair, ont peu de raison de se pencher sur la beauté féminine. Hugues de Fouilloy (1110-1164) dans un sermon sur Le Cantique, disait «en effet sont beaux les seins peu proéminents et modestement rebondis». Le moyen âge prêche la mansuétude et affiche sa férocité, prône une extrême rigueur moraliste et offre des pages de franche sensualité. Le bon rapport des proportions est affaire de goût qui évolue au fil des siècles. Le Moyen Age n’applique pas une mathématique rigoureuse des proportions. La rigueur du calcul a changé. Des couleurs pures sont juxtaposées sans nuance, ni clair obscur. La lumière irradie du cœur des objets, lumineux en soi. Dieu est lumière. Le Laid est une antithèse du Beau, disproportionné, disharmonieux. Entre l’an Mil et le XIII éme siècle, le travail et l’Art de la guerre sont révolutionnés par les inventions techniques et les machines ; le collier d’épaule, le moulin à vent, l’étrier, les lunettes, le rouet... Les automates ou horloge échangés entre cours royales étonnent.

Les croisades entre 1095-1291 fixent une nouvelle présence occidentale d’Antioche à Jérusalem. La reconquête islamique inscrit Saladin (1138-1193) dans la légende, tandis que l’Occident réplique en Espagne et au Portugal par l’expulsion des arabes, puis des Juifs, et dans le Sud de la France contre toutes les hérésies Albigeois, Cathares. Les Etats naissants s’affirment totalitaire un Roi, une religion.

La poésie des troubadours naît au XIe siècle. La dame assume le rôle qui revient au seigneur en son absence aux croisades, mais la fidélité envers lui fait qu’elle est intouchable. La beauté féminine est inaccessible, sublimée, idéalisée. L’attrait pour la beauté et le corps entraîne malheur et remords. L’amour courtois est influencé par l’hérésie cathare et le mépris de la chair, un adoucissement de la classe chevaleresque en retour de croisade, la poésie mystique arabe. Avec les troubadours, se dessine une image chaste et sublimée de la femme, désirée parce qu’inaccessible. Le désir est amplifié par l’interdit. L’idée n’est jamais absente que l’amour, outre le ravissement des sens, apporte malheur et remords. Guillaume d’Auvergne (1199-1249) dira que la variété accroît la beauté de l’univers. Pour Bonaventure (1217-1274), la lumière est fondamentalement une réalité métaphysique tandis que pour Saint Thomas d’Aquin (1224-1274), elle est une réalité physique. La couleur visible nait de la rencontre de deux lumières. Celle qui est irradiée à travers l’espace diaphane fait vivre celle qui est incorporée dans le corps opaque. L'aristotélisme est le nom donné à la doctrine dérivée des œuvres d'Aristote, chez le persan Avicenne (980-1037) et l'arabe Averroès (1126-1198) notamment, puis progressivement adoptée aux XIIe et XIIIe siècles par la scolastique, grâce à la réconciliation de la philosophie d'Aristote et du christianisme par saint Thomas d'Aquin qui rappelle que trois choses sont nécessaires à la beauté : la proportion, l’intégrité et la claritas (clarté, luminosité). Dieu est lumière à l’instar du Baal sémitique, du Râ égyptien, de l’Ahura Mazda iranien.

Les Spiritualistes reconnaissent dans le Beau l’empreinte du Créateur. L’œuvre d’Art est magnifiée comme hommage à la Création. Le Beau est reconnu par l’âme qui en porte la trace divine. La représentation est codifiée par le spirituel. Les religions permettent d’entrer en relation avec le Dieu révélé. Avec Jan Van Eyck (1395-1441) le traitement à l’huile de la couleur confère à la lumière un effet magique. L’espace n’est plus ordonné empiriquement mais organisé en différents plans selon les règles de la perspective. Pietro Della Francesa (1420-1492) (De perspectiva Pingendi ) valorise la divine proportion de l’objet représenté à distance, qui signe la beauté de l’œuvre par la maîtrise des mathématiques. Le nombre d’or est le principe de croissance de certain organisme, dont la présence répétée dans nombre de création confirme l’existence d’une loi divine créatrice de la Nature. Le nombre régit ce Monde.

Johannes Gutemberg invente à Mayence l’imprimerie à caractère mobile (1450). La production de livres s’industrialise. L’Art de la gravure sur bois enrichit le texte de dessin coloré. Les typographes Allemands essaiment leurs savoir faire à Paris et Lyon. Sous l’effet de facteurs distincts mais convergents, découverte de la perspective, diffusion de nouvelles techniques sfumato et huile, influence du néoplatonisme, climat de mysticisme de Savonarole (1452-1498), la beauté suit une double orientation : imitation de la nature ou perfection surnaturelle non perceptible à la vue. Marsile Ficin (1433-1499) propose d’actualiser les savoirs antiques, en coordonnant leurs multiples aspects avec le symbolisme chrétien.

La chute de Byzance ex Contantinople a eu lieu le 29 mai 1453, avec la prise de la ville par les troupes ottomanes conduites par Mehmed II. Elle marque la disparition de l’Empire byzantin, et la fin définitive de l'Empire romain. La menace du grand Turc sur la chrétienté mobilise le Pape et toute l’Europe pour la recherche d’alliés hypothétiques (le prince Jean). Le Portugal lance les voyages d’exploration pour contourner l’Afrique et l’océan indien atteint en 1488. L’Espagne découvre le nouveau Monde en 1492. En 1517, la conquête ottomane transfère la puissance califale à l'Empire ottoman. Le dernier Abbasside lègue ses pouvoirs au sultan Selim Ier. Istanbul devient avec plus de 800 000 âmes la plus grande agglomération du moment, vaste bazar où plus de 120 sultans vont régner, taxant le trafic terrestre et maritime entre l’orient et l’occident dans des proportions importantes. Le commerce entre l’Orient et l’Occident fait la richesse des Etats qui maîtrisent sa taxation. Après Constantinople, la poussée Turque gagne l’Albanie, la Crimée, toutes les places vénitiennes et génoises de la mer Egée, l’Egypte et le Sultanat d’Alger. Selim 1er prend le titre de Commandeur des croyants et règne sur l’empire des trois continents.

Soliman le magnifique (1494-1566) conquiert Belgrade et la Hongrie au portes de l’empire de Charles Quint (1500-1558) et arrive aux portes de Vienne ((1529) confirmant le message de Luther « Dieu veut punir la Chrétienté ». Les élites de l’empire romain d’orient migrent vers Venise ou Gênes portant avec elles le goût du Beau, du luxe, du raffinement byzantin qui produit la Renaissance.

Tag(s) : #Evolution du Beau
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