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L'Église chrétienne, déjà représentée en l’an 30 par un petit groupe d’hommes et de femmes dont les douze apôtres sous la conduite de Pierre, jouent un rôle particulier pour s'acquitter de la triple mission dont ils ont été investis par le Christ : témoigner de la résurrection, baptiser ceux qui croient à leur parole et gouverner la communauté. Les premiers « chrétiens » sont au 1er siècle des Juifs de Palestine qui se heurtent à l’hostilité des grands prêtres hébreux. Les premiers lieux de culte notables sont en Syrie à Edesse et Antioche. En 64, la persécution de Néron aboutit à la mise à mort de Pierre et à l'emprisonnement de Paul qui meurt martyr en 67. En 69-70 se déroule en Palestine une guerre d'indépendance menée par le parti des Zélotes qui se termine par la chute de Jérusalem. Plotin dans les Ennéade (250- 270) distingue les beautés corporelles et incorporelles, qui ont en commun la symétrie et la juste proportion de leurs parties entre elles. La notion de beauté préexistant dans notre âme permet de reconnaître le Beau. La beauté des formes géométriques fondée sur la proportion induit une conception mathématique de l’Univers. La beauté brille comme une idée. «La beauté d’une couleur simple lui vient d’une forme qui domine l’obscurité de la matière et de la présence d’une lumière incorporelle qui est raison et idée». Trois patriarcats organisent les églises de Rome, Alexandrie et Constantinople. Le développement de l’église chrétienne suit la diaspora concentrée jusqu’en 300 sur le pourtour de l’Est Méditerranéen. Un siècle après la conversion de l’empereur Constantin en 312, le christianisme est devenu la religion très largement majoritaire de l’Empire romain. Le centre d’attraction se déplace progressivement vers l’est, à Constantinople et en Anatolie.

Saint Augustin, dans ses Confessions (397-401), assimile la beauté à ce qui est susceptible d'élever l'âme vers Dieu. La laideur est réévaluée en marque de la corporéité de l'âme. La beauté est déliée des notions de formes qui servent à penser le beau (volume, symétrie, lignes, couleurs), mais impropres à rendre compte des anges, êtres incorporels. Les querelles théologiques de 500 sont à l’origine du schisme des églises d’Orient et d’Occident qui fragilise l’empire. Le Beau est plus dans l’acte que dans le résultat.

Peu importe la victoire ou la défaite pour le chevalier. Le Beau est la vaillance, la façon de se conduire dans les moments difficiles. La chanson de Roland immortalise la défaite de Roncevaux (778), le noble comportement des chevaliers Francs de l’arrière garde de Charlemagne, le courage des vétérans de toutes les armées. Les romains et le Moyen Age parlent des machines par les constructions qu’elles permettent. La monstruosité des machines apparait avec leur quasi autonomie tels les norias, les moulins à vent utiles mais inquiétants, presque diaboliques. L’esclavage est faiblement efficace. Un homme libre peut défendre sa terre. L’empire romain d’occident s’effondre. L’empire romain d’orient demeure. C’est sur les ruines de l’empire romain que le christianisme se répand.

Shi Huangdi (246-210 av. J-C) entreprend d’unifier les royaumes du nord de la Chine et de relier entre elles les fortifications existantes pour créer une grande muraille dont la construction prend fin 2 000 ans plus tard sous la dynastie Ming (1368-1644). Cette plus grande construction du Monde est destinée à stopper les invasions Mongols en préservant le commerce sur la route de la soie. L’objectif est atteint. Les Mongols changent d’habitudes, et conduisent les hordes à l’Ouest. Le butin recherché est transportable or, argent, esclaves et bétail, le reste est détruit. Des peuples entiers sont en marche et fuient vers l’Ouest causant à leur tour des ravages.

La Grèce fait face aux invasions des Hérules, Wisigoths, Goths et Vandales. Alaric entre en Grèce, aussitôt promût magister militum d’Illyrie, ce qui ne l’empêche pas de piller Rome en 410, avant de s’établir en Ibérie et dans le sud de la Gaule romanisée. L’empire wisigoth dure jusqu’en 711 et l’arrivée des Arabes. La Culture antique ne survie pas à la barbarie. Aux martyrs chrétiens succèdent les ermites qui fédèrent dans la tourmente les âmes abandonnées.

Les villas romaines fortifiées deviennent des fermes, les citées ruinées des citadelles. Elles perdent en superficie et nombre de feux, lèvent des fortifications. L’union des peuples brassés par les invasions se fait par le Culte. Au dessus de tous, il y a Dieu. Le royaume de Dieu est au ciel, et Dieu a besoin d’une maison sur Terre. L’édification de cette maison est la grande affaire du Moyen âge. L’époque ne respecte pas les principes de la proportion dans la représentation du corps, imparfait réceptacle de l’âme, au profit du symbolisme numérique et des couleurs, tout en s’effrayant de l’infini. Isidore de Séville (560-636) Etymologies «En vérité, les Grecs ont donné à l’univers le nom d’ornement, en raison de la diversité des éléments et de la beauté des étoiles dans le ciel : pour eux, il s’appelle kosmos, ce qui signifie «ornement», car nous ne voyons rien de plus beau que le monde par les yeux de la chair ». L’œuvre de Dieu est le cosmos qui s’oppose au chaos primitif. Le Laid viole les règles de la proportion. Le thème central de la représentation chrétienne est la douleur, la mort, la torture, la souffrance illustrée par le visage des victimes comme des bourreaux, impliquant une esthétique de l’enfer, du diable, de l’apocalypse. Les gargouilles symbolisent le Mal cantonné à l’extérieur de l’église dans laquelle il ne peut entrer. Une autre source d’attirance pour le Laid vient des êtres légendaires, monstrueux et merveilleux dont la représentation circule avec les cartes du Monde. Le Laid est nécessaire au Beau, comme l’ombre à la lumière. L’univers est un tout.

Trente ans après la mort de Mahomet (570-631), la capitale de l’empire musulman se déplace de Médine à Damas. Les Omeyyades chiites soudés par la djihad, l’emportent sur le camp d’Ali sunnites et les tributs irakiennes restés fidèles au gendre du prophètes. Après l’échec devant Constantinople (717-718), l’empire alourdit par la conquête de l’Irak adopte une position défensive. Les petites gens et les peuples récemment convertis réclament en conformité avec la parole du Prophète : « L'Arabe n'est pas meilleur que le non-Arabe, ou le non-Arabe que l'Arabe, le blanc au-dessus du noir ou le noir au-dessus du blanc, excepté par la piété. (Ahmad) ».

Les Abbassides sunnites descendants d’un des oncles de Mahomet renversent les Omeyyades, déplacent la capitale à Bagdad et prennent la tête pour cinq siècle d’un empire des rivages atlantiques de l’Ibérie aux bords de l’Indus. L’Islam submerge une église chrétienne divisée. Cependant en Espagne puis en Égypte des souverains locaux arrachent leur indépendance et réclament le titre et la dignité califale. Les tribus turques fraîchement converties à l’islam prennent de plus en plus d’importance au sein de l’empire. Malgré ces difficultés, la dynastie abbasside survit jusqu’en 1258, lorsque les Mongols assènent le coup de grâce en détruisant la grande capitale Bagdad dans l’indifférence du monde musulman. Les survivants du massacre sont accueillis en Égypte par les sultans mamelouks, où ils perpétuent symboliquement la dynastie abbasside. L'islam, troisième des grandes religions monothéiste révélées, ne s'inscrit pas en opposition avec le judaïsme et le christianisme mais se présente comme leur achèvement « Dieu est beau et Il aime la beauté », a dit le Prophète Mahomet. Lui qui est la beauté même et dont la Création est beauté, n’a de cesse de convier l’Homme à la Beauté, c’est-à-dire à Lui. Tout art en Islam est retour à Dieu. L’esthétique islamique associe le beau au vrai et le vrai au beau. S'appuyant sur un verset du Coran rejetant les statues des idoles et sur un hadîth accusant les faiseurs d'images de vouloir rivaliser avec Dieu, seul créateur de vie, certains théologiens musulmans ont condamné formellement la représentation des êtres animés. Cet interdit de la figuration, strictement appliqué pour le Coran et les ouvrages de hadîths ou de fiqh, favorise l'émergence des arts de la calligraphie et de l’ornementation fondée uniquement sur l'arabesque et la géométrie. Des représentations figurées, parmi lesquelles on peut voir Muhammad, sa famille et les prophètes bibliques, existent dans d'autres genres littéraires, épopées, chroniques historiques, particulièrement dans les mondes iranien, turc et indien. Avec la montée de l'orthodoxie, les visages, d'abord découverts, se cachent derrière un voile protecteur puis disparaissent, symbolisés seulement par une gerbe de feu. Cette hostilité envers la représentation de la figure prophétique se retrouve dans le grattage des visages, mutilés au cours des siècles dans certains manuscrits. La représentation du vivant est prohibée pour éviter tout risque de confusion notamment au jour de la résurrection du jugement dernier entre le vivant et l’image privée d’âme. Dans la Sunna, il est dit que le prophète répondit à ses deux femmes, Ommi Habiba et Ommi Selma, qui lui parlaient des peintures des temples éthiopiens : "Ces peintures accuseront leurs auteurs au jour du Jugement".

Au contraire, les manuscrits chrétiens dés l’époque cistercienne sont avec les enluminures les musées de l’Art. Raban Maur (780-856) «Les quatre éléments, les quatre saisons, les quatre régions du Monde, les quatre partie du Monde, se disposent en forme de croix pour se sanctifier entre elles». Le premier siècle du Moyen Age est une époque de grande crise, où l’on cherche refuge dans des valeurs stables et éternelles. La beauté extérieure est «fugace comme les fleurs du printemps». La Cabale réduit tout en nombres simples et données symboliques. «Toutes les choses existent parce qu’elles sont ordonnées et elles sont ordonnées parce qu’en elles se réalisent des lois mathématiques qui sont condition à la fois d’existence et de beauté».

Tag(s) : #Evolution du Beau
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